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Le réséda n'a pas d'odeur

Le réséda n'a pas d'odeur
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17 décembre 2007

Résolution

ça ne peut plus durer que je sois pauvre comme ça. En 2008, il faudra faire fortune !

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16 décembre 2007

Fin de saison

Pour la dernière nuit de l'année, je l'ai invité à venir me rejoindre, à cause du souvenir d'une autre nuit, en juillet, où nous étions heureux, lui et moi. Par avance j'aimais le contraste que cela ferait entre l'hiver et l'été, mon modeste studio et l'hôtel quatre étoiles. Je rêvais d'un réveillon au champagne avec le tremblement de nos membres. Mais il ne répond pas. C'était une idée romanesque pourtant, une de celles que j'ai pour les autres, une stupidité sans doute.
J'avais cette chanson de Babara et Moustaki dans la tête : " Je ne t'attends pas au bout d'une ligne droite, je sais qu'il faudra faire encore des détours et voir passer encore des jours et des jours, mais sans que rien ne vienne éteindre notre hâte." J'y pensais parce qu'elle dit plus loin : "Oh moi mon cher amour, bien sûr j'ai eu des hommes qui m'ont rendu la vie un peu moins monotone, et m'aident à supporter l'hiver après l'automne..." Parce que moi aussi cette saison j'ai eu mes fréquentations, que je n'ai pas évoquées, notamment un garçon que j'ai vu régulièrement pendant un mois, et un troisième que je draguais en même temps. J'avais ma vie cachée comme un salaud. Je mentais par omission. Cependant ce week end j'ai rompu avec eux tous qui ne me satisfaisaient pas. Soulagement. Je veux du nouveau tout neuf à présent.

6 décembre 2007

Il y aura

Il y aura des rencontres, des gestes, des orgasmes, des mariages, des naissances, des fêtes, des soirées et des matins, des rêves, des lectures, des musiques, des oeuvres d'art, des maisons, des vêtements, des fruits, des rires, des promenades, des bains de soleil et de mer, des pays, des paroles, et les amis pas loin. Il y aura j'en suis certain.

5 décembre 2007

Depuis qu'elle est morte (#3)

J'ai perdu cet été dans un train mon pull préféré, en coton couleur kaki, que j'avais acheté à Rotterdam... Quelqu'un l'aura trouvé et ne l'aura pas rapporté aux objets trouvés. Hier, c'est un gant de cuir brun que j'égare quelque part, orphelin en chemin. Les choses auxquelles je m'attache, que j'aime avoir auprès de moi, disparaissent ainsi n'importe où... Par oubli, par mégarde. Il faut dire que je suis tête en l'air et distrait. Quand j'y pense à ce pull, à ce gant, je les regrette comme on se souvient des morts. Et j'exagère à peine en écrivant ça, parce que j'étais bien avec eux sur mon corps ; certainement j'aurai d'autres chandails, d'autres paires de gants, mais qui ne seront pas ceux-là ; eux ils sont à présent hors d'atteinte, séparés de moi, infidèles à mon bien être.
Depuis qu'elle est morte, je ressens fortement le transitoire, la fragilité de ce qui existe un temps puis échappe à jamais, perdu pour toujours. La vie qui passe, en somme. La perdition que cela implique.

(Après avoir écrit ce qui précède, deux jours plus tard j'ai retrouvé ce gant égaré, chez le psy. Il m'attendait dans la salle d'attente de ce dernier... Et j'en fut pour mes frais de tragédien à la petite semaine !)

24 novembre 2007

Comme un danseur

Le bonheur demande de la souplesse, ce qui ne va pas sans fermeté, et qu'on se gardera de confondre avec la rigidité. Les habitudes, les grands principes, les carcans, tout le fatras rigoriste, c'est de la mort qui engonce, qui fige, qui enlise, qui arrête. Il faut savoir épouser le mouvement de la vie, s'adapter au chaos ambiant, il faut savoir changer d'avis, virer d'humeur, il faut savoir marcher, il faut savoir danser.
Dans l'adversité, dans la paix, j'ai la révolution des astres avec moi, les mots des autres, le coeur battant, des flots de sang, les saisons, l'horizon, la marée et l'amour. J'ai confiance en les corps célestes, j'ai confiance en les corps terrestres. J'aime le balancement, l'alternance, le chaloupé, le tangage de mon existence.
Être un brin d'herbe branlé par le vent, être brindille chahutée par le courant, et être heureux de cette eau qui coule, de cet air qui souffle.
Un jour blanc, un jour noir, tant qu'il y a des jours.  Mon cap et les caprices autour, la mêlée que je ne cherche plus à démêler, l'anarchie qui gouverne le monde à peu près bien, à peu près mal. Un entrechat à gauche, un saut de biche à droite, comme la musique avance.

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23 novembre 2007

Transports (#3)

Dans le wagon le trop de sollicitations m'interdit la lecture sur papier, je ne sais lire d'autres signes que les visages et les corps qui m'entourent. Je passe le temps à passer en revue les passagers alentours. Je retiens celui-ci, j'exclus celui-là, selon le désir que j'ai de coucher avec, ou pas. A cet instant, dans l'absolu, je me demande si je pourrais baiser cet l'homme assis à côté de moi, et cet autre debout au fond, et tous les autres qui sont là... J'imagine aussi des combinaisons entre eux, des partouzes de fortune... J'arrange des coïts intempestifs, le brun, le blond, le militaire, l'adolescent... J'invente une île déserte où nous serions seuls survivants, et amants, par la force des choses. C'est un petit jeu sans conséquence auquel je joue souvent, une utopie qui a lieu dans ma tête. Mais quand ils détournent leur regard du mien qui s'attarde, savent-ils que je pense à leur faire l'amour, savent-ils que je suis en train de  les aimer ?
Enfin, le plus bizarre, sitôt dans la rue je n'y songe plus, jusqu'au trajet suivant j'ai eu ma part.

22 novembre 2007

(...)

Aujourd'hui encore une journée où je n'aurais pas vu la lumière du jour.
Tant de films aussi cet automne que je n'aurais pas vus...
Le t-shirt trop grand avec lequel je dors porte une dédicace au marqueur de Patti Smith.
Du 10 au 25 chaque mois il y a deux semaines difficiles à surmonter, à cause de l'argent qui manque. Je ne peux ni manger ni fumer selon mes besoins, et alors je pense à mourir. Tout entier empêtré de matière triviale, mon cerveau ne produit rien qui vaille, mais des idées noires, et décousues. J'ai faim, j'ai envie d'une cigarette, je voudrais pas finir les veines éclatées dans la baignoire : voilà la vaine littérature que je puis écrire.
Pour la nicotine, il me reste du dernier voyage à New York quelques Nat Sherman à bout doré, des rouges et des roses, que je grille comme on mange des chocolats, des bonbons de couleurs.
Cependant dans mon lit je lis un livre qui me berce : Aurélien, d'Aragon. Déjà 203 pages d'enfilées, sur les 699 de mon édition de poche. En fait j'adore ce bouquin, cet Aurélien qui me ressemble : "il venait d'avoir trente-deux ans, oui, ça les avait comptés en juin. Un grand garçon. Il ne pouvait pas tout à fait se prendre au sérieux et penser : un homme. (...) Trente ans. La vie pas commencée. Qu'attendait-il ? Il ne savait pas faire autrement que flâner. Il flânait."
Mais depuis le temps que j'écris, on le saurait si j'avais du talent.

14 novembre 2007

Dans Paris

Il me propose de partir. Vivre à Londres avec lui. Je pense à Rimbaud et Verlaine qui tentèrent là-bas la vie de couple, la vie d'artiste, et au mélodrame qui en résulta. Je ne crains pas cela. Mais la conviction que je n'en ai pas fini avec Paris me retient. Il y a dix ans je suis venu m'établir dans cette ville ; j'y ai habité plusieurs quartiers, j'y ai fait mes études à la faculté, j'y ai travaillé ici ou là ; j'y suis partout chez moi. Cependant elle ne laisse pas de me fasciner, j'aime l'agitation qui la caractérise et secoue ma nature paresseuse. J'y ai connu l'amour aussi aux quatre coins de sa zone ; j'y suis devenu un homme, un pédé, un parmi les siens. Ce sera toujours mon centre, mon point de départ, et mon asile de retour. Et quoique je n'ignore pas non plus, pour l'avoir subi, et encore aujourd'hui, combien ce peut être une cité hostile, brutale, difficile, rude, je sais avec certitude qu'il me reste à accomplir quelque chose en ce lieu, je sens que c'est d'abord dans ses frontières qu'il faut que je sois fort et heureux, avant d'aller ailleurs exporter mon sort.

12 novembre 2007

Transports (#2)

Ainsi que Jean-Jacques herborisait dans la nature, le romantique que je suis, ou devrais-je dire l'érotomane amoureux, cueille en sous-sol sa moisson de belles plantes.

Contemplations rêveuses et précises qui sont autant l'occasion de s'oublier soi-même, en s'absorbant dans la forme d'un autre, que d'exciter son appétit, en le fixant sur une proie alléchante.

Samedi, dernier métro, les gars font la gueule, et à cet air dur qu'ils affichent je reconnais leur frustration ; ils rentrent seuls se coucher, le désir inconsolé, ils n'ont pas baisé ce soir, et la semaine sera longue ; je les observe en douce, et j'aimerais pouvoir les contenter, les satisfaire, mais le regard loin, les yeux dans le vague, ils ne me voient pas.

Métropolitain : toutes ces bites qui sont cachées sous des pantalons.

Ce caleçon à motifs dépassant du jean taille basse comme il aimante mon regard, comme il me déboussole... Dans les transports je mate aussi l'arrière des garçons. Un gentil cul dans la rame, ça donne du coeur autant qu'un sourire. La courbe d'un homme vu de dos, nuque, épaules et fesses, il se peut qu'elle cache de l'autre côté un visage distordu ou quelconque, je ne veux pas le savoir. Cette chute de reins c'est déjà une cascade où je me baigne, un abîme où je me noie...

11 novembre 2007

Une espèce de nègre

Maxime, enfin celui que j'appelle ainsi (c'est un pseudonyme), a fait couper ses cheveux qui lui cachaient le visage. Le nez au vent, les joues rondes, je trouve sa mine plus sympathique. Nous étions amants intermittents, mais j'ai mis bon ordre à cela. Il me demande maintenant de l'aider à finir son roman. Il s'agit de mettre en forme ses brouillons, de guider sa plume. Lui me considère comme un associé, je dirais plutôt que dans cette affaire je serais une sorte de sage femme, une espèce de nègre. Depuis le début j'ai l'intuition que ce garçon fera ma fortune (et moi la sienne), nous verrons, du moins j'accepte son offre, j'y vois un exercice intéressant (et j'ai besoin d'argent). Je comprends lorsqu'il évoque notre liaison qu'il m'a aimé à sa façon maladroite. Selon moi je crois bien n'avoir pas été amoureux de lui, mais intrigué, charmé par sa personne fantasque. Depuis que nous ne baisons plus ensemble, jamais il n'a été aussi gentil, il m'offre des cadeaux, m'invite à déjeuner au champagne, s'excuse même et remercie quand il le faut. Nous sommes plus l'un pour l'autre que des relations de travail. Cependant peut-on parler d'amitié en ce cas ? Car d'ordinaire on ne couche pas avec ses amis. Le jargon de l'époque dit un "ex", je ne me résigne pas à ce langage qui occulte l'extraordinaire de notre histoire.

(Peut-être un jour s'il tombe sur ces lignes, en sera-t-il blessé, et par anticipation je le regrette.)

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